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Courrier mensuel de l'Office de Documentation et d'Information de Normandie

Samedi 5 Septembre 2020

Sous les sabots de Sleipnir, le coursier d'Odin…
Actualités normandes de Mars – Avril – Mai – Juin – Juillet – Août 2020)



Quelque peu sidérés par l’ampleur prise par les conséquences de la pandémie, nous avons interrompu la parution du Courrier de l’O.D.I.N., panorama mensuel des actualités normandes à la fois politiques, économiques, sociales, voire culturelles… Il a fallu l’insistance de nos amis de L’Unité Normande pour que nous reprenions le commentaire de ce qui nous paraissait être la renaissance normande depuis la réunification de la Normandie…

Mois après mois, nous notions les progrès de la Région dans maints domaines, convaincus que nous étions de l’intérêt d’une prise en compte globale de la vie quotidienne normande… La chute est terrible : nombre de secteurs dont nous vantions le dynamisme, l’aéronautique, les industries agro-alimentaires, le tourisme, etc. ont été touchés de plein fouet et survivent actuellement sous le tranquillisant – indispensable – du chômage partiel et du travail à distance. Il est trop tôt pour affirmer ou démentir que la politique gouvernementale et les efforts de la Région ont sauvé l’essentiel, à savoir les outils de production. Le Plan de Relance qu’on nous annonce va sans doute colmater la brèche, mais le fait patent est là : le dynamisme normand, à l’instar du dynamisme français, a été considérablement freiné et les conséquences sociales et financières, certainement peu agréables, sont devant nous. Combien y aura-t-il d’entreprises qui seront contraintes de déposer le bilan ? Combien de salariés vont-ils perdre leur emploi et iront grossir le nombre de chômeurs ? Beaucoup de projets vont être abandonnés. Temporairement, nous l’espérons et il y aura des réajustements pas toujours négatifs en matière économique.

Quelle que soit l’ampleur de ce formidable coup de massue qui s’évalue par un recul du P.I.B. – est-il plus accentué en Normandie qu’ailleurs ? – mais qui se ressent aussi et, peut-être, surtout dans la capacité de résilience de la population normande, proclamons que la vie continue et que les efforts d’hier, aujourd’hui anéantis, sont les modèles des efforts de demain. La Normandie a les moyens de se régénérer et d’être aujourd’hui et demain comme hier le bouclier social et économique des Normands.

 

UNE PANDÉMIE CONTENUE, UN CONFINEMENT RESPECTÉ

 

Il y a toujours trop de victimes, mais force est de constater que la Normandie, jusqu’à fin août, a été moins submergée par la vague du Covid 19 que la plupart des autres régions de France. Félicitons Paris-Normandie qui, au jour le jour, dans un encart synthétique, nous a tenus au courant de l’évolution de la pandémie. On parle de plus de 600 décès en Normandie toutes catégories confondues (Hôpitaux, Ephad, domicile). Avant le déconfinement, on relevait 11,7 décès pour 100 000 hab. En Seine-Maritime, 10,4 dans l’Eure, 10 dans l’Orne, 8 dans le Calvados, 7,5 dans la Manche. Non seulement les structures hospitalières ont tenu (grâce au dévouement du personnel soignant), mais la Normandie a aidé l’Ile-de-France voisine avec des médecins et des infirmières venus en renfort.

Le confinement, dans l’ensemble, a été respecté, même lorsque certaines interdictions frisaient le ridicule (sorties pédestres de moins d’1 kilomètre, interdiction des églises et des cimetières, des promenades en forêt et les grotesques « plages dynamiques »). En Normandie comme ailleurs, les écoles ont été fermées, puis rouvertes trop tard : l’année d’enseignement a été gâchée et ce n’est pas la scolarité par internet qui a permis d’éviter le désastre scolaire. Il est vrai que les résultats du Bac n’ont jamais été aussi brillants… Quelle dérision !


DES RÉPONSES INSTITUTIONNELLES QUELQUEFOIS DÉCALÉES, MAIS AUSSI MÉRITOIRES

 

La comédie des masques et des tests relève de l’imbroglio national. Il n’y a pas lieu d’en dire davantage et, au passage, d’accabler le Gouvernement et les services de l’État : l’opinion publique sait à quoi s’en tenir et se montre sévère. À l’inverse, municipalités, départements et Région ont, dans l’ensemble, pallier les manques. De masques, tout particulièrement.

C’est ainsi que l’on a constaté – et la leçon doit être retenue – que la décentralisation selon le principe de subsidiarité, avait du bon. C’est en effet au niveau de la base des habitants et des environnements particuliers que l’on peut agir rapidement et avec discernement. Les grands mots d’ordre nationaux doivent être appliqués selon le contexte local et c’est alors que l’on découvre des initiatives individuelles ou collectives particulièrement adéquates (fabrications de masques, y compris par des bénévoles !).

 

DES CONSÉQUENCES ÉCONOMIQUES DRAMATIQUES

            

Comme le reste de la France, la Normandie a été touchée : en vrac… coiffeurs, restaurateurs, commerçants du textile, BTP, artisans, etc.

Mais en Normandie, certaines de nos « spécialités » ont été sinistrées : la filière lin, la filière équine, le tourisme balnéaire de printemps (l’été est meilleur), l’hôtellerie urbaine, la filière aéronautique, le monde de la culture et des spectacles, les autocaristes. L’automobile « est dans le flou » (selon Paris-Normandie), Alpine à Dieppe a eu chaud, Renault Trucks « navigue à vue » à Blainville-sur-rner, la filière pêche est impactée (effondrement du bulot de Granville), la filière cidricole croule sous ses stocks, le Transmanche, déjà atteint par les effets du Brexit, touche le fond avec l’arrêt presque total des passagers, les campings n’ont guère ouvert au printemps, le trafic des Grands Ports Maritimes plonge de 12,8 %, « l’interdiction de la plaisance condamne les professionnels » (La Manche Libre), les raffineries de la Basse-Seine ont réduit leur production, le marché du bio-éthanol s’effondre… On pourrait continuer longtemps cette litanie déprimante : on s’interroge sur l’éventuel rebond de la sphère économique.

Il est juste cependant de dire que certains secteurs s’en sortent bien : la grande distribution, l’e-commerce, l’industrie pharmaceutique, le vélo, les commerces de bouche, etc. Peut-on le leur reprocher ?

 

PENDANT LA CRISE, LA BONNE SURPRISE DES INNOVATIONS

 

La pénurie de masques a incité maintes entreprises à se reconvertir et à améliorer les process. La Normandie, dans ce domaine, s’est distinguée.

En vrac, non exhaustif :

  • Les Tricots St James « saisissent le masque au bond » (La Manche Libre)
  • La Ressourcerie, à Lillebonne, augmente la cadence
  • Filt, à Mondeville, produit des masques lavables
  • Protecop, spécialiste des gilets pare-balles, à Bernay, fournit 200 000 masques
  • Fontex, à Flers, accroît sa production d’élastiques
  • LINportant, à Évrecy, produit des masques en lin
  • Créalin, à la Noë-Poulain, se reconvertit et fabrique des masques, puis passe à la visière
  • Les Aiguilles Bohin fournissent les merceries de l’Hexagone
  • Le Joint normand, à Evreux, oriente sa production vers les visières
  • Le lunetier Solf, à Guichainville, crée des visières adaptables aux lunettes
  • Un jeune Fécampois, Gaétan Lefèbvre, à partir de son imprimante 3 D, fournit 700 visières


Plus généralement des entreprises normandes adaptent leur production pour faire face à la pandémie :

  • Les Lampes Berger, de Bourgtheroulde, fournissent le marché de gel hydroalcoolique
  • Hafa, à Yvetot, met au point une borne pour la distribution du gel
  • L’entreprise Lemoine de Caligny (Orne) devient le leader français de la fabrication d’écouvillons
  • le groupe SPHÈRE, leader européen du sac plastique, près de Dieppe, a fourni 10 millions de surblouses
  • Elvia PCB, de Coutances, participe à la création de respirateurs artificiels
  • Avipur, située au Héron près de Rouen, s’attaque au Covid 19 en désinfectant avec du virucide les surfaces infectées
  • La start up caennaise, Loop des Sciences, propose un dépistage rapide du coronavirus
  • ProtecEcran, à Rouen, propose des films antimicrobiens pour tous les écrans tactiles
  • AMGE Industrie, de Mélamare, adapte ses cloisons contre le Covid 19
  • Riou Glass, de Boulleville, invente un verre auto-désinfectant antiviral…
  • Etc.

La mobilisation est générale, diffuse et quasi spontanée en Normandie.

 

LA RÉGION, AUSSI, A RELEVÉ LES DÉFIS

 

L’efficience du niveau régional est une démonstration du bien-fondé de la décentralisation au niveau pertinent d’une Région cohérente comme la Normandie.

Les titres des articles relevés dans la presse normande sont éloquents et décrivent bien l’engagement de l’échelon régional.

Au préalable, il faut souligner la bonne entente entre le Président de la Région et le Préfet régional : gage d’efficacité… De même la coopération étroite entre la Région et les autres collectivités locales, notamment les communes et les intercommunalités.

La Région s’est démenée pour distribuer des masques et, même si des élus LREM ont dénoncé fallacieusement un clientélisme dans cette distribution, la polémique s’est vite éteinte puisque toutes les collectivités qui en avaient besoin ont été servies.

L’interventionnisme de la Région s’est manifesté à divers niveaux :

  • 2,5 millions de masques distribués
  • Une enveloppe de 70 millions d’euros en soutien à l’économie régionale
  • Un Fonds d’aide avec les intercommunalités pour aider le commerce de proximité
  • Le dispositif « Impulsion Relance Normandie »
  • Aide à vingtaine d’entreprises par un prêt de trésorerie (On estime à 13 000 le nombre d’emplois sauvés par ces aides directes)
  • En liaison avec la Banque des Territoires une aide aux T.P.E.
  • Aides attendues pour la culture et, notamment, le théâtre (3 millions d’euros)
  • Aide à la filière cidricole
  • Soutien au lin normand
  • La Région au chevet au livre
  • Soutien à la filière pêche
  • Etc.

 

L’INSIGNIFIANCE DES ÉLECTIONS MUNICIPALES

 

En temps normal, ces consultations électorales qui passionnent les Français presque autant que les élections présidentielles eussent fait l’objet de commentaires fouillés, mais la crise virale a chamboulé le processus. D’abord en contribuant à l’abstention au premier tour (nous y reviendrons), ensuite en repoussant à plus deux mois un second tour encore moins signifiant que le premier.

Le phénomène principal de ces opérations de vote assez étranges est évidemment un taux d’abstentions qui, hors virus, eût été quand même alarmant. La démocratie est en danger lorsque les citoyens se détournent des urnes et… ce ne sont pas les électeurs défaillants qui en sont responsables. L’abstention – et le vote blanc - parvenue à ce niveau est le message d’un désaveu de la classe politique, toutes tendances confondues, et le plus grave, c’est que les édiles sortants qui, pour la plupart, n’ont pas démérité, en sont les principales victimes. La majorité d’entre eux s’est fait réélire, mais ils ont perdu l’aura de l’approbation majoritaire de leurs concitoyens. De quoi en dégoûter beaucoup. Certes, dans la France rurale, cette déréliction est moins sensible, mais les gros bataillons de votants des centres urbains ont déserté les urnes.

Les résultats du premier tour (les seuls qui, à notre avis, aient un sens) ont conforté quelques bastions : les Communistes, à Dieppe, par exemple. La réélection du Maire de Caen, Joël Bruneau, à ce premier tour, est une victoire personnelle et conforte le siège du Conseil régional dans son dialogue toujours difficile, même s’il est indispensable, avec Le Havre et surtout Rouen.

Il y eut peu de surprises lors de ce premier tour.

Le second tour fut dominé médiatiquement par l’affrontement entre Édouard Philippe et Jean-Paul Lecoq au Havre. Le premier l’emporta assez largement : son éviction de Matignon va lui permettre de jouer pleinement son rôle non seulement dans sa ville, mais encore à la tête du Pôle métropolitain de l’estuaire et, sans doute, dans le jeu politique normand. Nicolas Mayer-Rossignol l’a emporté haut la main à Rouen : il avait devancé au premier tour les Verts de Bérégovoy. Rouen était le seul véritable espoir de victoire des Écologistes en Normandie. On peut dire que la poussée écologiste en France n’a été qu’une vaguelette en Normandie.

La seule véritable surprise du second tour est la victoire du Républicain Sébastien Leclerc à Lisieux. Sans doute l’ex-député du Calvados (il a démissionné) espérait-il prendre le contrôle de l’agglo Lisieux-Normandie, mais François Aubey, candidat socialiste et, surtout, sortant, a conforté sa présidence.

Parmi les autres résultats, notons les réélections de Michel Patard-Legendre à Ifs, celle de Michel Lamarre à Honfleur, celle de Marie-Agnès Poussier-Windsback, de Guy Lefrand à Evreux, de Marc-Andreu Sabater à Vire, de Luce Pane à Sotteville, de MM. icolas (Avranches) Rassaert (Gisors) Pueyo (Alençon). Quelques nouveaux venus à Granville, à Saint-Lô, à Bolbec, etc.

Il est trop tôt pour porter jugement sur les nouveaux venus et il est à remarquer l’importance grandissante du… troisième tour, c’est-à-dire la désignation des présidents des intercommunalités qui détiennent le pouvoir financier, donc le véritable pouvoir.

Quel sera le rôle de Mayer-Rossignol à la tête de la Métropole Rouen – Normandie, de David Margueritte, président de la communauté d’agglo du Cotentin, pour ne citer que ces deux exemples ? Là, est le véritable enjeu de ces curieuses élections municipales et l’on remarquera que les citoyens n’ont pas eu beaucoup leur mot à dire sur les problématiques intercommunales… et l’on s’étonne du fort taux d’abstentions !

Dernier point – mais tout à fait secondaire – la déroute des listes macronniennes. L.R.E.M., pourtant fort d’une importante représentation législative en Normandie, échoue piteusement à peu près partout. Ce n’est qu’anecdotique.

 

C’est avec une certaine angoisse que nous entamons la rentrée après cette période calamiteuse de la pandémie et de ses conséquences économiques et sociales. Une seule certitude : la Normandie a en elle les moyens de surmonter la crise. Que les Normands s’en persuadent !


Guillaume LENOIR

avec l’aide de Geneviève FLAMENT, Thierry LANGLOIS,

Edwige LE FORESTIER et Emma DAVESNE

 

OFFICE DE DOCUMENTATION ET D’INFORMATION DE NORMANDIE

87, rue de la République

76940 La Mailleraye sur Seine

Commune nouvelle d’Arelaune en Seine


La Rédaction