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Courrier mensuel de l'Office de Documentation et d'Information de Normandie

Mardi 7 Avril 2020

Sous les sabots de Sleipnir, le coursier d'Odin…
Actualités normandes du 1er trimestre 2020



Courrier mensuel de l'Office de Documentation et d'Information de Normandie

Lorsque nous annoncions dans notre précédente livraison, le 5 janvier dernier, que nous allions passer à la trimestrialité de notre courrier, nous étions loin de penser que le thème principal des actualités normandes de cette fin du mois de mars serait, en Normandie comme dans le reste du monde, la dramatique pandémie du coronavirus… A dire la vérité, nous étions persuadés que les projecteurs seraient tournés vers les résultats des élections municipales et les conséquences qu’elles pourraient engendrer… C’est tout juste, aujourd’hui, si l’on en parle encore… D’ailleurs, elles sont en de nombreux endroits amputées de leur deuxième tour… reporté sine die… La situation en cette fin du mois de mars est angoissante.

  • Angoissante, d’abord, parce qu’elle présente un bilan sanitaire et humain en ce 31 mars déjà très lourd en Normandie : 43 personnes sont décédées du Covid 19 ; 274 patients sont hospitalisés en Seine-Maritime, 28 dans le Calvados, 46 dans la Manche, 41 dans l’Eure et 28 dans l’Orne ; 138 personnes se trouvent en réanimation ; 1 248 tests ont été jugés positifs sur 7 427 prélèvements… Et, hélas, ce n’est pas fini… (Tous les jours, nous regardons, sidérés, le point de la situation, tel qu’il est exprimé dans Paris-Normandie, que nous remercions pour la précision des statistiques ainsi exposées).
  • Angoissante, ensuite, par la mise à l’arrêt au nom du nécessaire confinement de l’économie normande et la cessation d’activités d’une multitude d’entreprises, de commerces et d’ateliers d’artisans. Jamais nous n’avons connu un tel vide dans nos rues, une telle désertification, aussi bien en ville que dans le rural.
  • Angoissante, enfin, par le désastre économique et social qui s’annonce…

Nos courriers passés faisaient mensuellement le point sur l’évolution, souvent positive, de la vie économique et culturelle normande… Que va-t-il en rester ? La Normandie, depuis sa réunification, retrouvait son dynamisme et, dans l’ensemble, accumulait des succès qui n’étaient pas que d’estime. La crise – mondiale – qui s’annonce va rebattre les cartes.

Parce que nous croyons en la nouvelle Normandie, nous pensons que les Normands vont relever le défi d’une relance des activités économiques, sociales et culturelles. Nos atouts sont intacts, le rôle de bouclier social de la Région est reconnu, la société normande porte en elle la volonté de s’en sortir. Il n’y a pas lieu de désespérer…

 

PANORAMA RÉDUIT DES RUBRIQUES HABITUELLES

 

Nous serons brefs, mais attentifs aux évolutions qui, malgré la crise virale ayant débuté vraiment en début février, sont des jalons pour la résilience d’une Normandie qui doit s’en sortir.

 

Du côté du Conseil régional


Il y a un avant et un pendant de la crise virale dans l’action de la Région.

L’approche prioritaire va donc porter sur les interventions de la Région dans le cadre de la crise.

Le plus important à noter est cet accord que viennent de signer le Préfet de Région, Pierre-André Durand, et le Président de la Région, Hervé Morin. L’État en région s’appuie sur la Région pour faire face aux aléas de la conjoncture. Une coopération étroite s’institue ainsi avec un effet multiplicateur. Cela était demandé depuis longtemps par la collectivité régionale, jouant un rôle de chef de file parmi les collectivités locales et l’État reconnaît par là-même la fonction protectrice et d’entraînement de la Région. C’est le symbole de la réussite souhaitée d’une double politique de déconcentration et de décentralisation, longtemps prônée par un mouvement régionaliste comme le Mouvement Normand. Nous en attendons de vrais résultats.

Cet accord qui a été conclu avant même la crise virale devrait montrer son efficacité et sa pertinence, non seulement durant la période de confinement et d’arrêt des unités de production, mais, surtout, au moment où, le virus étant repoussé, il faudra remettre en route l’économie normande. La cellule de crise mise en place dès le 12 mars montre que la coordination entre les dispositifs d’aides, prévus par l’État et la Région donnera des résultats immédiats.

La Région se mobilise par les achats de masques, l’ouverture des internats de lycées pour les personnels soignants, le soutien aux entreprises. De même la Région qui, maintenant, gère les T.E.R. a annoncé « maintenir un nombre minimum de dessertes de trains et de bus afin que puissent être assurées les missions de service public indispensables ».

 

En regard de cette gestion de crise, il peut paraître dérisoire d’évoquer « le monde d’avant », c’est-à-dire les actions du Conseil régional au cours de ce premier trimestre 2020. En réalité, c’est la preuve que la vie, ne s’arrêtant pas, ce qui est entrepris dans le cours des jours, prépare en fait les actions de demain.

Alors, en vrac, relevons les actions menées par la Région Normandie en janvier, février et mars 2020 (sans être exhaustifs évidemment).

  • Un contrat entre N.A.E. et la Région a été renouvelé : l’industrie aéronautique est l’un des fleurons les plus dynamiques du secteur industriel normand.
  • Le projet de Campus équin prend forme à Goustranville qui va ainsi devenir un pôle européen de recherches sur la filière équine, emblématique de la Normandie.
  • La Caisse d’Épargne et la Région s’unissent pour mener à bien des « projets verts ».
  • L’Agence Régionale d’Orientation, créée par la Région, a réussi son lancement en tenant forum à Rouen, auquel ont pris part plus de 30 000 jeunes.
  • On a décompté 11 500 jeunes aidés par la Région au moyen du dispositif « Pass-Monde », afin de faciliter les mobilisations internationales. Cela représente un budget de 9 millions d’euros.
  • Suite à la catastrophe Lubrizol, la Région lance un appel à projets concernant la maîtrise des risques. Elle entend s’impliquer fortement dans une approche renouvelée de la surveillance des sites Seveso.
  • Hervé Morin, Président de la Normandie, a cosigné une lettre avec ses collègues de Bretagne, Loïg Chesnais-Gérard et des Hauts de France, Xavier Bertrand, à l’attention de M. Didier Guillaume, Ministre de l’Agriculture et de la Pêche, à propos des graves problèmes de la pêche consécutifs au Brexit.
  • La Région va participer financièrement au Fonds National de Solidarité en faveur des travailleurs indépendants (5 % de l’enveloppe nationale globale de 250 millions d’euros). En outre, la Région est en pourparlers avec la B.P.I., pour la mise en place d’un fonds, voué au rebond.
  • - Hervé Morin (mais, là, nous craignons qu’il ne laboure la mer) a, une nouvelle fois, poussé son coup de gueule contre la SNCF, dont les retards récurrents de ses trains sur les grandes lignes ne semblent pas émouvoir cette féodalité.
  • – La Région veut que les lycées, dont elle a la gestion, « mangent normand ». Elle entend valoriser les produits normands auprès des élèves par des opérations comme « bœuf à l’équilibre ».
  • - La Région participe au sauvetage de deux entreprises : Acibois (à Mouen) et Frial (à Falaise et Bayeux) et elle encourage la raniculture – c’est-à-dire l’élevage des grenouilles – en donnant un coup de pouce à une des rares exploitations françaises de cette spécialité au Moulin de Rozel, à Saint-Martin d’Audouville (Manche).

L’interventionnisme de bon aloi de la Région sur les grands sujets comme pour les petites entreprises montre à l’évidence le rôle éminent de cette collectivité territoriale, suffisamment proche du terrain et ayant une vision globale des problèmes. La Normandie est réellement le bouclier économique et social des Normands.

 

Des élections municipales peu significatives et en partie avortées

 

Nous ne nous étendrons pas longuement sur ce chapitre qui devait dans notre esprit constituer le plat de résistance du menu de ce courrier du premier trimestre 2020.

Quelques conclusions ressortent :

  1. En Normandie, comme ailleurs en France, le chiffre des abstentions, particulièrement élevé, montre que le coronavirus n’est pas la seule cause de la désaffection des citoyens pour l’acte de vote, surtout pour des élections municipales qui, d’ordinaire, entraînent l’adhésion de la population.
  2. Les sortants, en règle générale, « ont tenu le coup ». C’est la preuve que le maire reste un élu apprécié, car proche de ses mandants, et dont l’action, quotidienne, est irremplaçable.
  3. Les partis traditionnels, bien implantés, ont, de ce fait, maintenu leurs positions. Au détriment des prétendants macronistes qui ne peuvent qu’être déçus.
  4. Les Verts (E.-E. - L.-V.) ont surfé sur la vague médiatique, mais restent, au mieux, une force d’appoint décisive pour une gauche dont ils disputent le leadership aux socialistes.
  5. La victoire, au premier tour, de M. Joël Bruneau, Maire de Caen, et, en regard, les ballotages au Havre et à Rouen, confère à l’édile caennais, outre un certain prestige, une responsabilité nouvelle, celle de tirer vers le haut une coopération accrue entre les trois grandes villes normandes.
  6. La plus grande expectative demeure quant au deuxième tour des municipales dans les communes – surtout les plus importantes – où les principales listes sont en ballotage.

On parle d’un 2tour le 21 juin, certains repoussent même à l’automne l’opération de vote. Question : le rapport de force sera-t-il le même après la crise ? Surtout, si comme d’aucuns le suggèrent, il faut procéder à un scrutin à deux tours, le premier étant annulé…

On comprendra, dans ces conditions, que nous n’émettions pas de jugements sur les votations municipales.

 

Une société figée, une économie à l’arrêt

 

Le confinement décrété le 17 mars dernier a figé la société française, donc aussi normande. Les rues sont vides dans nos villes et nos villages, la plupart des boutiques fermées, beaucoup d’entreprises à l’arrêt. Quelques services essentiels (que l’on redécouvre) et une mobilisation impressionnante des professions de santé font exception. Le phénomène est au sens plein du terme extraordinaire. Il prend des proportions inusitées depuis un siècle (les récentes épidémies, très mortifères d’ailleurs, s’en souvient-on ?, remontent à plusieurs décennies et l’on n’y était pas mieux préparés. Du moins n’avaient-elles pas stoppé radicalement l’économie comme ces dernières semaines.

Dans l’improvisation des mesures contre la propagation de la pandémie, on notera, dans de nombreux secteurs, des incohérences, voire des outrances. Pourquoi, par exemple, avoir fait fermer les marchés ouverts de nos villes et villages tout en laissant ouverts les magasins de la grande distribution ? Pourquoi, d’autre part, avoir interdit la fréquentation des jardins familiaux, des médiathèques qui permettraient à beaucoup de mieux supporter l’astreinte à résidence puisqu’on pourrait y emprunter des livres et des D.V.D. ? Pourquoi, en outre, préconiser la lecture et contraindre les libraires à fermer boutique ? Pourquoi accepter de la Poste qu’elle se refuse à la distribution du courrier des livres : veut-on, de la sorte, favoriser le e-commerce et l’uberisation par des entreprises privées de l’acheminement des colis ? D’ailleurs, que dire des restrictions du nombre de jours de distribution des lettres et des journaux aux abonnés par la Poste ?

L’opinion publique, avec juste raison, juge héroïques l’engagement et le dévouement de toutes les professions de santé et de certains services essentiels, méprisés en temps ordinaire, comme le ramassage des ordures ménagères. On ne pourra pas dire que, dans la corporations des postiers, on pratique le culte du héros : la désertion de cette féodalité confine au sabordage. Le confinement de la population était une opportunité quasi miraculeuse pour la Poste d’exciper de son statut de service public et de favoriser les liens entre les membres éparpillés des familles en remettant à l’honneur les échanges épistolaires… Au lieu de cela, voulant sans doute contribuer à la disparition du courrier, la Poste sabote complètement sa mission. Ce sera l’une des leçons de la crise virale que nous subissons. Il est à souhaiter que des comptes se règlent en fin de crise. « C’est à la fin de la foire que l’on compte les bouses », dit l’adage.

Mais la crise n’est pas terminée : il faudra encore quelques semaines, voire plusieurs mois, pour retrouver avec notre liberté de mouvement, une vie normale. Espérons que ce sera aussi l’occasion de relancer la vie économique, sociale et culturelle de la Normandie sur de bonnes bases. La Région nous offre les outils pour réussir cette résurrection.

 

Le 5 avril 2020

 

P.S. : En écho au constat de la situation sanitaire de la Normandie au 31 mars, telle que décrite dans le texte de ce courrier, nous donnons le bilan à la date du 7 avril :

  • 147 décès pour toute la Normandie
  • 713 personnes hospitalisées, soit une augmentation de 7,6 % en 72 h, qui se répartissent de la façon suivante : 362 en Seine-Maritime, 66 dans l’Eure, 151 dans le Calvados, 66 dans la Manche, 68 dans l’Orne. Parmi elles, 225 sont en réanimation : on notera que les premiers transferts en provenance de l’Ile-de-France sont comptabilisés dans ce chiffre
  • Les décès dans les Ehpad n’étaient alors pas connus. (d’après Paris-Normandie).

Guillaume LENOIR

avec l’aide de Geneviève FLAMENT, Thierry LANGLOIS,

Edwige LE FORESTIER et Emma DAVESNE

 

OFFICE DE DOCUMENTATION ET D’INFORMATION DE NORMANDIE

87, rue de la République

76940 La Mailleraye sur Seine

Commune nouvelle d’Arelaune en Seine


La Rédaction