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Vers l’hiver démographique de la Normandie

Dimanche 20 Septembre 2020

​Communiqué du Réseau citoyen du Cercle Normand de l'Opinion



« Il n’est de richesses que d’hommes », disait Jean Bodin, économiste du XVIe siècle. La Normandie s’appauvrit donc puisqu’elle perd, année après année, des habitants : plus de 10 000 entre les deux recensements. Jusqu’à la fin des années soixante du siècle dernier, la Normandie figurait parmi les régions les plus dynamiques au plan démographique. Elle avait largement profité du « baby-boom » de l’après-guerre, c’est vrai, mais outre un solde migratoire positif, la Normandie avait une population jeune, entreprenante (il fallait reconstruire) et équilibrée entre le secteur primaire (agriculture) et secondaire (industrie)…Le tertiaire était cependant défaillant à cause de la proximité parisienne qui accaparait les services et cela se traduisait déjà par un retard allant s’accélérant en matière scolaire et universitaire. La mentalité, néanmoins, était « naisseuse », une sorte de compensation par rapport aux pertes cruelles de la guerre n’ayant pas ménagé la population normande…

Que s’est-il donc passé pour qu’on en arrive à l’atonie démographique d’aujourd’hui qui plombe le dynamisme normand ?


Baisse des naissances et du taux de fécondité : la Normandie en ce domaine a connu une évolution comparable au reste de la France, sans doute de façon plus marquée : nous verrons pourquoi. Le monde de l’agriculture a vu disparaître maintes exploitations, les autres ayant grossi tout en perdant une main-d’œuvre populaire à cause de la mécanisation : le rural n’a pas cessé de se désertifier… Il fallait bien fournir le secteur industriel en ouvriers, plus ou moins qualifiés, et en cadres, lesquels venaient souvent d’ailleurs. Les cols bleus et les cols blancs remplaçaient les foules paysannes : l’équilibre restait précaire et c’est alors que les banlieues de nos villes se développèrent.

Il eût fallu à ce moment-là que la Normandie ne se contentât point de ce transfert d’activités et qu’elle offrît aux jeunes d’autres perspectives que de servir de main-d’œuvre subalterne aux donneurs d’ordre que la Capitale gloutonne ne cessait de s’accaparer… Les jeunes Normands diplômés étaient souvent contraints d’aller chercher, sinon la fortune, du moins les professions qui correspondaient à leurs ambitions… ailleurs.

Ce fut le début de l’écrémage systématique des jeunes Normands et, depuis, il n’a pas cessé.

Voilà la cause principale du désastre démographique actuel. La responsabilité des dirigeants de la Normandie d’avant la réunification est écrasante : en refusant, au nom d’un localisme égoïste, d’avoir une vision globale de la société normande, ils n’ont pas voulu voir que l’exode des jeunes diplômés à flots constants pendant quatre à cinq décennies ne permettait plus la constitution de familles normandes.

Les mêmes dirigeants, en acceptant la mondialisation sans contrôle, ni limites, n’ont pas vu venir la désindustrialisation accélérée d’une Normandie, locomotive industrielle. Les perspectives du monde ouvrier se sont amenuisées et nombre de techniciens sont partis ailleurs… vers la région parisienne principalement.

On fonde beaucoup d’espoirs, paraît-il, en haut-lieu sur la « silver economy », c’est-à-dire l’accueil des retraités et du quatrième âge. Ce n’est certes pas à négliger, mais ce n’est pas un indice de redressement démographique…

La situation est-elle sans issue ?

 
C.N.O. - Rouen – centre, le 20 septembre 2020



La Rédaction