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Une hargne de milliardaire

Lundi 20 Mai 2019

Communiqué du Réseau citoyen du Cercle Normand de l'Opinion



L’affaire a défrayé la chronique : toute la presse normande s’en est emparée. Les juges de la seconde chambre civile du tribunal de grande instance de Caen devront rendre leur verdict le 2 juillet prochain : de quoi s’agit-il ? L’un des fameux frères Barclay demande réparation, s’estimant mis en cause et diffamé par le contenu d’une pièce de théâtre qui, paraît-il, serait une évocation transparente de sa vie privée…
N’ayant pas lu cette pièce et n’étant pas allé l’entendre (elle a été jouée avec grand succès plus de trois cents fois…), il ne nous est pas possible de juger du bien-fondé de la plainte de ce magnat, sauf à dire que son nom n’est jamais prononcé dans le texte. Évidemment, maintenant, tout un chacun pourra faire le rapprochement…
Qui sont les frères Barclay ? Des jumeaux qui ont fait fortune dans la vente par correspondance, dans l’hôtellerie (ce qu’on ne peut leur reprocher) et qui se sont fait connaître par les militants normands par le fait qu’ayant acheté l’île de Brecqhou (dépendance de l’Île de Sercq) et y avoir installé le siège de leur empire financier, ils ont prétendu s’affranchir du Droit normand qui prévaut là-bas et ont été en conflit avec Michael Beaumont, le seigneur de Sercq…
Ils ont argué du droit européen pour contester le droit féodal normand, vieille survivance de la tradition normande dans les Îles de la Manche.
La pièce en litige, « Les deux frères et les lions » est un écho, lointain ou proche, c’est selon, de cette querelle. Écrite en 2012 par Hédi Tillette de Clermont-Tonnerre, à la demande de Mona Guichard, ancienne directrice du Théâtre de Cherbourg, qui souhaitait que l’auteur s’inspirât de ce conflit juridique opposant le Droit normand aux principes d’un Droit plus… large, c’est un peu comme si l’Union Européenne – le Royaume-Uni en faisait alors partie, pas les Îles normandes de la Manche – voulait s’imposer juridiquement et judiciairement aux micro-états qui n’ont pas rejoint le grand fourre-tout technocratique régissant le continent européen : on peut comprendre où vont a priori nos sympathies !
Mais ce n’est pas la seule dimension de cette affaire qui a été plaidée autour de deux questions plus générales : une pièce de théâtre peut-elle s’inspirer de personnages réels ? La liberté d’expression prévaut-elle sur le respect de la vie privée ?
On attend avec intérêt la réponse des juges. Si, à notre avis, la réponse à la première question semble évidente (il faut que les auteurs puissent traiter de l’actualité et s’en inspirent), la seconde est affaire d’appréciation et d’intensité.
 Ce qui nous heurte beaucoup dans cette histoire, c’est la hargne du plaignant qui, en exigeant des dommages et intérêts exorbitants destinés à ruiner ET l’auteur ET la compagnie théâtrale, donc les acteurs, étale sa toute-puissance matérielle pour abattre une œuvre de l’esprit

Coutances, le 21 mai 2019
C.N.O.


La Rédaction