Une voix de la France périphérique, la chaîne de télé « France Ô » vient de se taire définitivement. Elle n’était, paraît-il, pas « rentable » (- 3 % de part d’audience). Toutes les régions périphériques de France – et la Normandie en fait partie – ne peuvent qu’être solidaires et compatissantes à l’égard des populations d’outre-mer ainsi reléguées, mais aussi vis-à-vis des téléspectateurs de métropole qui appréciaient le caractère éminemment francophone de la chaîne, en quasi-rupture avec les manies anglo-saxonnes des chaînes parisiennes.
Allons plus loin dans l’analyse.
Du point de vue normand d’abord. La Normandie, province maritime, est en liaison constante avec l’Outre-Mer. Elle a largement contribué à la découverte et au développement de ces lointaines contrées. Les échanges entre l’Outre-Mer et la Métropole passent essentiellement par les ports normands. Nous avons même un cousinage de choix avec Saint-Pierre et Miquelon, Saint Barthélémy, les Antilles, voire la Réunion.
La France se vante de posséder le second espace maritime au monde et cela supposerait – ce n’est pas le cas – une marine militaire et commerciale à la hauteur et une attention particulière aux populations si éloignées de la métropole. Une chaîne de télévision dédiée est la moindre de cette sollicitude.
Au final, une question se pose : a-t-on eu la volonté, par le truchement de la chaîne France Ô, d’accompagner la France dans sa dimension mondiale puisque, paraît-il, c’est la seule nation à être présente sur tous les continents ? A-t-on en haut-lieu – c’est-à-dire à Paris ! – la volonté d’être autre chose que des boutiquiers plus ou moins grippe-sous et des culs-de-plomb de terriens réticents devant les aventures maritimes et une ouverture au monde s’appuyant sur la diffusion de la langue française, vecteur de civilisation ?
C.N.O. - Le Havre, le 27 août 2020