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Le gouvernement délocalise ses agents, mais pas en Normandie

Samedi 23 Novembre 2019

​Communiqué du Réseau citoyen du Cercle Normand de l'Opinion



Réforme de l’État. Réponses, paraît-il, à la crise des gilets jaunes. Promesse du Gouvernement qui, il y a un an, prévoyait la délocalisation de 6 000 fonctionnaires installés à Paris « vers les petites villes de province et vers les banlieues ». Cette politique de déconcentration de l’Administration devrait avoir lieu d’ici 2022. Dans le même temps, le Premier ministre entend supprimer « 90 comités Théodule » (sur les 394 structures de ce type existantes). « Il n’est pas toujours nécessaire, a-t-il déclaré, de créer une structure administrative pour régler un problème ».
Qui ne souscrirait à cette louable intention ?

La presse fait état du détail précis des délocalisations prévues et a fait remarquer que le sud de la France ne semblait pas concerné par le mouvement. Une carte étant plus explicite qu’une longue énumération, on s’aperçoit effectivement qu’au sud d’une ligne Bordeaux-Lyon, il y avait peu de relocalisations annoncées… Mais, en y regardant de plus près, on voit aussi qu’au nord de cette ligne, la Normandie était la seule Région de France à n’en percevoir aucune.
L’un des handicaps de la Normandie – chacun le sait –, c’est la faiblesse de son secteur tertiaire. Le statut de la Métropole de Rouen-Normandie est fréquemment remis en cause par le manque de fonctions tertiaires qui, normalement, caractérisent une métropole… La Normandie, comme les autres Régions françaises a sa part de ruralité en voie de désertification et de quartiers « sensibles » subissant une implantation décroissante de services publics : pourquoi la Normandie n’est-elle pas éligible à l’installation d’agents de l’État qui se trouvent en surnombre à Paris ?
De la même manière qu’en matière ferroviaire, il y a le « trou normand » de lignes rapides et modernisées, on constate qu’en matière de sollicitude de l’État, la Normandie est systématiquement ÉCARTÉE des préoccupations gouvernementales. Elle reste confinée dans son rôle subalterne d’arrière-cour de la mégalopole parisienne. On va y chercher les matériaux de construction (notamment les sables, d’où la transformation de nos vallées en gruyères) et on voudrait bien y déverser tous les déchets que vont engendrer les travaux du Grand Paris. On veut bien que la Normandie accumule les établissements industriels Séveso, mais on lui barguigne les moyens de gestion des risques et de lutte contre les éventuels accidents technologiques (l’épisode de Lubrizol est éclairant à ce sujet).     Cela étant, faisons-nous tout ce qu’il faut pour accueillir les cadres administratifs que le Gouvernement veut délocaliser ? Poser cette question, c’est s’interroger sur la nécessité de pouvoir offrir des conditions de vie attirantes pour des personnes habituées à certains aspects de la vie parisienne : y a-t-il une offre de logements dits intermédiaires suffisante qui serait certainement un argument de poids pour des cadres qui éprouvent de vraies difficultés à se loger à Paris. Les édiles de nos villes, obsédés par la construction de logements sociaux, font des choix démagogiques et contribuent ainsi à une paupérisation des habitats… Et puis, il faudrait aussi que nos universités offrissent un panel complet des formations qualifiantes, que la Normandie cessât d’être la parente pauvre en matière de crédits de recherche et de postes du C.N.R.S… Il faudrait, il faudrait… Seule, à notre avis, la Région, en planifiant une politique hardie et équilibrée sur tout le territoire normand d’accueil des cadres administratifs de l’État délocalisés, pourrait faire comprendre au Gouvernement qu’il est temps de ne plus mettre la Normandie entre les parenthèses du mépris et du délaissement.
Puisque l’État promet de faire un geste pour Rouen à la suite de la catastrophe de Lubrizol, voilà une occasion de rendre crédible une de ses promesses.                                 

Rouen, le 23 novembre 2019
C.N.O.


La Rédaction