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Fusion ou confusion ?

Samedi 1 Décembre 2018

Communiqué du Réseau citoyen du Cercle Normand de l'Opinion



Le Comité interministériel de la mer (CIMER) vient, par la voix d’Édouard Philippe, de jeter les bases d’une nouvelle politique maritime de la France. La stratégie nationale sur les ports propose l’évolution du G.I.E. HAROPA en un « nouvel ensemble portuaire opérationnel au 1er janvier 2021 ».

Fusionner le Grand Port maritime du Havre, le Grand Port maritime (et fluvial) de Rouen et le Port Autonome de Paris apparaît cohérent… à condition que les vocations et les caractéristiques de chacun de ces ports soient respectées et que l’État reconnaisse la prééminence de l’économie maritime, le transport fluvial n’en étant qu’un appendice, indispensable certes, mais non soumis à la rude concurrence mondiale. D’autre part, faisons le constat que le Gouvernement ne modifie en rien le paradigme d’une gestion administrée étatique des principaux ports français. L’État – donc Bercy – garde la main sur la gestion des G.P.M., même si l’on fait semblant d’associer dans des conseils de surveillance usagers et représentants des collectivités territoriales. Le rêve d’Hervé Morin, Président de la Normandie, qui souhaitait la « régionalisation des ports » s’estompe : les ports français importants resteront sous la tutelle de l’État.

 

Et cette tutelle – quoi qu’on pense de l’éminente qualité des hauts fonctionnaires qui dirigent les ports – n’a pas montré au cours des décennies passées un dynamisme suffisant pour soutenir la concurrence avec les ports de la Rangée Nord, plus efficaces, plus offensifs, mieux adaptés à leur environnement car ce dernier est plus partie prenante de la prospérité portuaire. L’écart entre l’ensemble HAROPA et Rotterdam ou Anvers – ce dernier « premier port français » s’accentue. Il n’y a lieu de pavoiser.

Par indulgence, nous ne nous appesantirons pas sur le brillant fiasco, fustigé sévèrement par la Cour des Comptes, de la plate-forme multimodale du Havre, ni sur les réactions tardives des Autorités gouvernementales à propos du BREXIT qui éliminerait le trafic irlandais à destination de l’Europe pour les ports français de la Manche. À l’inverse, il est inacceptable que la Normandie ait été écartée d’un schéma ferroviaire cohérent, qui place ainsi les ports de la Basse-Seine dans la dépendance unique du tout-routier.

 

Reste la confusion entretenue par l’État qui, sans l’avouer, renforce sa gestion directe sur la Vallée de la Seine, et cela ne touche pas que les ports : le Préfet Philizot, dont le bureau est à Matignon, voit ses prérogatives élargies… Madame la Préfète de Région, Fabienne Buccio, sous couvert de compétence GEMAPI (lutte contre les inondations) lance une étude de gouvernance sur l’Axe Seine aval normand (communiqué du 12 novembre) par laquelle on articulerait, sous la férule de l’État, bien sûr, « la nouvelle compétence des EPCI avec celles des structures historiquement impliquées : syndicats de bassin versant, Départements, Voies navigables de France, Grands Ports maritimes du Havre et de Rouen ».

La Région ? On n’en parle même pas. Est-ce à dire que l’on conteste dans la haute administration le rôle reconnu par la Loi du « chef-de-filat » de la Région en matière de développement économique ? À moins que l’on veuille amputer la Région de sa colonne vertébrale, la Vallée de la Seine…

Si l’on ajoute à cela que, sous prétexte de préparer les milieux intéressés à la concurrence occasionnée par la réalisation du Canal Seine-Nord-Europe, on donne au Préfet Philizot (donc à Matignon) la supervision conjointe des ports de la Vallée de la Seine et celui de Dunkerque, on comprendra que des Normands s’interrogent sur leur maîtrise de l’outil portuaire…

 

Le Havre, 28 novembre 2018

C.N.O.



La Rédaction