Le Comité interministériel de la mer (CIMER) vient, par la voix d’Édouard Philippe, de jeter les bases d’une nouvelle politique maritime de la France. La stratégie nationale sur les ports propose l’évolution du G.I.E. HAROPA en un « nouvel ensemble portuaire opérationnel au 1er janvier 2021 ».
Et cette tutelle – quoi qu’on pense de l’éminente qualité des hauts fonctionnaires qui dirigent les ports – n’a pas montré au cours des décennies passées un dynamisme suffisant pour soutenir la concurrence avec les ports de la Rangée Nord, plus efficaces, plus offensifs, mieux adaptés à leur environnement car ce dernier est plus partie prenante de la prospérité portuaire. L’écart entre l’ensemble HAROPA et Rotterdam ou Anvers – ce dernier « premier port français » – s’accentue. Il n’y a lieu de pavoiser.
Par indulgence, nous ne nous appesantirons pas sur le brillant fiasco, fustigé sévèrement par la Cour des Comptes, de la plate-forme multimodale du Havre, ni sur les réactions tardives des Autorités gouvernementales à propos du BREXIT qui éliminerait le trafic irlandais à destination de l’Europe pour les ports français de la Manche. À l’inverse, il est inacceptable que la Normandie ait été écartée d’un schéma ferroviaire cohérent, qui place ainsi les ports de la Basse-Seine dans la dépendance unique du tout-routier.
Reste la confusion entretenue par l’État qui, sans l’avouer, renforce sa gestion directe sur la Vallée de la Seine, et cela ne touche pas que les ports : le Préfet Philizot, dont le bureau est à Matignon, voit ses prérogatives élargies… Madame la Préfète de Région, Fabienne Buccio, sous couvert de compétence GEMAPI (lutte contre les inondations) lance une étude de gouvernance sur l’Axe Seine aval normand (communiqué du 12 novembre) par laquelle on articulerait, sous la férule de l’État, bien sûr, « la nouvelle compétence des EPCI avec celles des structures historiquement impliquées : syndicats de bassin versant, Départements, Voies navigables de France, Grands Ports maritimes du Havre et de Rouen ».
La Région ? On n’en parle même pas. Est-ce à dire que l’on conteste dans la haute administration le rôle reconnu par la Loi du « chef-de-filat » de la Région en matière de développement économique ? À moins que l’on veuille amputer la Région de sa colonne vertébrale, la Vallée de la Seine…
Si l’on ajoute à cela que, sous prétexte de préparer les milieux intéressés à la concurrence occasionnée par la réalisation du Canal Seine-Nord-Europe, on donne au Préfet Philizot (donc à Matignon) la supervision conjointe des ports de la Vallée de la Seine et celui de Dunkerque, on comprendra que des Normands s’interrogent sur leur maîtrise de l’outil portuaire…
Le Havre, 28 novembre 2018
C.N.O.