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Chapelle Darblay : une nécessité stratégique à préserver

Lundi 30 Mars 2020

​Communiqué du Réseau citoyen du Cercle Normand de l'Opinion



L’usine quasi centenaire de Grand-Couronne ne traite que… 350 000 tonnes de papier de recyclage issu du tri citoyen de 20 millions d’habitants du Bassin Parisien (essentiellement). Elle ne produit que… 250 000 tonnes de papier journal de bonne qualité pour la presse et l’édition.
Pour le groupe finlandais, qui la pilote depuis Helsinki, c’est insuffisant au plan de la rentabilité, d’autant qu’en Finlande même, le groupe UPM annonce la fermeture de l’une de ses trois lignes de production de papier (avec, à la clef, la suppression de 170 emplois)… D’où le projet de fermeture de l’usine normande en juin prochain.
Il y a la logique de l’UPM : la demande en papier journal connaît un déclin STRUCTUREL depuis 10 ans du fait de la baisse des tirages des journaux imprimés (mais l’édition des livres, même si elle stagne en volume, reste incontournable). L’UPM, quand il a repris la Chapelle Darblay au groupe Pinault dans les années 1980, a relancé l’usine en la reconvertissant vers la fabrication du papier journal à partir des papiers et cartons collectés. L’UPM a maintenu jusqu’à ce jour 236 emplois sur le site normand. Reconnaissons que le contexte a changé avec le déclin de la presse écrite : cela justifie-t-il pour autant l’abandon d’un site qui, au plan de la performance et de la modernité, n’a pas démérité ? La Chapelle Darblay est la seule papeterie industrielle française à sortir un papier immaculé pour les journaux, la bureautique, les prospectus publicitaires à partir des vieux papiers et cartons.

Il y a une autre logique à considérer : elle se résume en deux questions essentielles :
1°- Un pays comme la France peut-il dépendre des importations étrangères pour assurer la pérennité en toutes circonstances de l’approvisionnement du papier journal pour sa presse écrite (et son édition) ?
2°- Le tri citoyen des papiers et cartons – mesure anti-gaspillage, mesure écologique, exemple même d’économie circulaire – qui valorise 350 000 tonnes de déchets, peut-il aboutir à un stockage improductif et inutile ? Qu’en fera-t-on ? N’y a – t – il pas, là, une régression écologique insupportable ?

La crise virale que nous connaissons actuellement va entraîner des conséquences économiques graves. Sans doute est-il temps de redéfinir nos priorités… L’indépendance de nos approvisionnements, la lutte contre le gaspillage des matières premières sont, autant que la défense de l’emploi, un challenge à relever pour une société qui n’a pas pour seul horizon les lois du marché.
C’est pourquoi – et ce n’est pas l’expression d’une idéologie, mais une volonté pragmatique de relever le défi – nous pensons qu’une NATIONALISATION / RÉGIONALISATION, temporaire sans doute, de l’usine Chapelle Darblay de Grand-Couronne s’impose. La nationalisation, c’est la garantie de l’État, garant en tout de l’indépendance nationale. La régionalisation, c’est la protection sociale et environnementale que la Normandie doit réserver à ses habitants, qu’ils soient salariés ou simples citoyens. L’État et la Région doivent prendre le contrôle de la Chapelle Darblay.

Rouen, le 30 mars 2020
C.N.O.


La Rédaction