Quels sont les motifs de la colère de M. Pinel ? Il dénonce la violence et la duplicité de l’État et de ses représentants locaux qui, après être restés sourds aux arguments des défenseurs des barrages du Sud-Manche, ne tenant aucun compte des éventuelles décisions de justice en appel à venir, ont entrepris la destruction irréversible des ouvrages d’art en litige. Cette politique du fait accompli est une insulte à la justice, d’une part, et à la majorité de la population directement concernée par cette frénésie de pureté soi-disant écologique. Laissons parler Bernard Pinel :
« La décision de supprimer les barrages, pour permettre la continuité écologique de la Sélune, en vue de la libre circulation des saumons, est un véritable outrage au principe de valorisation des énergies renouvelables, notamment l’hydroélectricité et expose, en outre, les populations et les biens en aval de ces barrages à des risques d’inondations. L’État nous a traités par le mépris, d’autant qu’il était techniquement possible de maintenir ces barrages en assurant la libre circulation des saumons par des passes à poisson. L’argument tenant au coût trop élevé de la réalisation de tels équipements frise le ridicule lorsque l’on connaît le montant exorbitant des sommes investies pour la renaturation de la vallée de la Sélune après l’arasement des barrages ».
M. Pinel termine son propos au Président de la République :
« La décision de supprimer ces barrages n’est pas définitive puisque son bien-fondé sera apprécié au mois de juin par le Tribunal Administratif de Caen. Pressentant, sans doute, que le tribunal n’aura pas la même appréciation que le juge du référé (…) l’administration s’empresse de commencer la destruction du barrage de Vézins. Une attitude plus digne de l’État aurait consisté à attendre la décision du tribunal administratif avant de commencer les travaux de démolition. Pour l’ensemble de ces motifs qui déshonorent l’État, je renonce au bénéfice de ma Légion d’Honneur ».
Ducey, le 24 juin 2019
C.N.O.