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Une victoire de principe : reste à concrétiser la réalité…

Vendredi 13 Juin 2014



Le projet de redécoupage des régions est maintenant connu : on propose de fusionner la haute et la basse Normandie. Cela ne fait que quarante-cinq ans (1969) que le Mouvement Normand attendait que le principe de réunification de la Normandie fût proclamé par les plus hautes instances de l’Etat.
Malgré les manœuvres dilatoires de ceux qui voulaient dissoudre la Normandie dans une fumeuse région littorale du Nord – Ouest (nous appellerons cela le croc-en-jambe fabiusien), le bon sens a fini par l’emporter. Il faut dire que le Président de la République aurait eu bonne mine, cette semaine, d’accueillir les vingt-huit chefs d’Etat et de gouvernement sur les rivages d’une Région littorale du Nord – Ouest alors que ces excellences venaient commémorer le débarquement sur les plages de Normandie ! L’idée, le concept de Normandie sont totalement pris en compte et cela conforte les positions affirmées et réaffirmées par le Mouvement Normand depuis des décennies, renvoyant à leur médiocrité les partisans de la division en mini-régions. Nous avons eu raison contre les prébendiers de la division normande qui, en voulant sauvegarder des sièges et des fonctions présidentielles, ont largement contribué au déclin de la Normandie. Il faudra se souvenir que nous avons longtemps été les seuls à défendre l’unité normande, même si, aujourd’hui, beaucoup feignent d’avoir toujours été d’ardents zélateurs de la vraie Normandie…

Cependant, et nous ne le dirons jamais assez, le concours de tous reste la clef de la réussite et nous ne ferons pas la fine bouche devant les ralliements de la vingt-cinquième heure.

Nous en aurons besoin. Si la fusion de la haute et de la basse Normandie paraît évidente à tous les commentateurs, il n’en est pas de même pour certains rapprochements au sein du projet des quatorze régions ou, même, certains statu quo qui sont loin de satisfaire les citoyens des autres régions. De ce fait, on peut s’attendre à des résistances ou à des réticences qui peuvent mettre à mal l’ensemble du projet gouvernemental.
C’est pourquoi le Mouvement Normand en appelle à tous les parlementaires de Normandie, quelles que soient leurs appartenances politiques, pour que, dans les débats qui vont avoir lieu au sein des assemblées, ils proclament tous leur attachement à la fusion normande.

RÉUSSIR LA FUSION

Allons plus loin : la réunification est le préalable à l’unité de la Normandie et nous en appelons à la bonne volonté de tous pour réussir dans les faits la fusion.
Cela passe dès maintenant par des concertations renforcées entre les assemblées régionales et départementales, notamment lors de la préparation des futurs Contrats de Plan (ou de Projet) Etat – Région et une reprise vigoureuse des convergences fusionnelles et des efforts de mutualisation. N’attendons pas les injonctions de l’Etat, qui justifie le projet de réforme territoriale par des économies de structure : prenons tout de suite des initiatives en ce sens. En cela, la Normandie peut être le modèle exemplaire d’une nouvelle France plus dynamique.
L’unité de la Normandie ne doit pas être une opération de microcentralisation au seul bénéfice de la future métropole de Rouen : toute la Normandie doit être concernée. La Normandie des villes, la Normandie périurbaine, la Normandie rurale, la Normandie de la Vallée de la Seine, la Normandie de l’Estuaire, la Normandie du littoral, la Normandie périphériques de nos villes-frontières. Le moment est venu de dynamiser l’ensemble afin que tous les Normands se sentent concernés par un nouveau développement prenant en compte les intérêts de tous.
Le localisme, c’est fini.

LE DEVENIR DU MOUVEMENT NORMAND

Si la réunification a été le premier point du programme du Mouvement Normand, il reste cinq autres orientations qui doivent mobiliser les énergies des militants normands.

• La création d’un véritable pouvoir régional normand
Au nom du principe de subsidiarité, il faut donner à la région les pouvoirs et les moyens d’une politique régionale effective. C’est une question d’efficacité. Pouvoirs sans limites ? Non, la Normandie est terre de France et, en tant que telle, elle doit être solidaire du reste de la nation. Le pouvoir régional le plus ambitieux possible ne doit pas empiéter sur les prérogatives régaliennes de l’Etat : la diplomatie, la défense, la sécurité, la loi, les grandes politiques nationales (santé – politique économique et sociale – objectifs éducatifs, etc.).

• La recherche d’un aménagement du territoire régional équilibré
Présentement, il n’y a pas, d’une côté, une ville, Rouen, en voie de métropolisation, et de l’autre, des cités, plus ou moins satellites, avec des zones rurales en voie de désertification. De même, il n’y a pas, d’une part, une Normandie « utile » (la vallée de la Seine) et, d’autre part, des espaces agricoles plus ou moins méprisés. Rouen, nous l’avons toujours dit, atteint la taille d’une métropole, mais n’en a pas les fonctions : face à Paris, l’ensemble urbain normand, Rouen – Le Havre – Caen, devra se montrer cohérent et solidaire, sinon ces villes quémanderont les miettes de la banlieusardisation parisienne. La vallée de la Seine ne saurait n’être qu’un étroit couleur Paris – la Mer, mais doit s’intégrer dans le triangle estuarial normand, dont les pointes sont Cherbourg, Vernon et Dieppe.
Les grandes villes doivent s’appuyer sur les villes moyennes, qui sont autant de relais et de pôles d’animation d’une ruralité qui n’est pas qu’agricole.

• La défense d’un environnement de qualité
La Normandie offre des cadres de vie appréciés : il faut les protéger, comme il faut protéger les sols, les eaux et l’air de toutes les pollutions. Cela passe par une pratique agricole adaptée, raisonnée, recherchant la qualité autant que la quantité, les niches agricoles, les produits A.O.C.. Il faut défendre la prairie, les haies bocagères, les clos-masures. Ne pas oublier que la Normandie est la terre du cheval, de la race bovine normande et de maintes races animales locales de la ferme et de la basse-cour, sans compter sur l’importance des massifs forestiers. Il faut promouvoir un aménagement intégré des zones côtières.
La qualité de l’environnement – gage de l’attractivité – passe aussi par l’accessibilité, d’où la fin de la modernisation du Plan Routier, la remise à niveau du Réseau ferroviaire, le développement du transport fluvio-maritime et un réseau de NTIC adapté au très haut débit.

• La promotion de l’identité et de la culture normandes
La Normandie est la matrice des deux civilisations française et anglaise, elle hérite, en outre, dans le contexte européen, de ses ouvertures aux mondes nordique, baltique, atlantique. Tout en s’enrichissant de la proximité parisienne, elle peut servir de modèle pour toutes les régions de langue d’oïl et de l’ensemble de la francité et de la francophonie.

• Le Mouvement Normand a enfin une fonction pédagogique
Il s’agit de redonner aux Normands la pleine conscience de leur identité et de permettre aux non – Normands habitant en Normandie une meilleure connaissance de notre héritage. Cela passe par l’enseignement de la culture régionale, notamment des parlers normands – à l’origine d’une grande partie du vocabulaire de langue anglaise -, de l’histoire, de la littérature, des arts, du droit normand. Sans vouloir se substituer à l’Education nationale – qu’il faut cependant réorienter – nous avons le devoir de transmettre, en mettant derrière ce mot toute la puissance d’une volonté.
 
La réforme territoriale, malgré ses nombreuses imperfections qui font douter de sa bonne fin législative, est le signe incontestable d’un nouveau départ pour la Normandie, car elle ne peut plus être contestée comme entité, puisque son intégrité, son identité et sa spécificité de région maritime sont reconnues.
 
Didier PATTE
Président du Mouvement Normand

La Rédaction