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Les relations de la Normandie avec les Pays-de-la-Loire ne peuvent être que de bon voisinage

Dimanche 15 Juin 2014



Ce troisième communiqué du Mouvement Normand portant sur les affinités électives pouvant exister entre la Normandie et les régions qui l’entourent fait suite à un premier texte concernant la Picardie et à un second concernant la Région Centre. Nous entendons réaffirmer la nécessité de coopérations interrégionales et montrer qu’il convient de ne pas les confondre avec les convergences fusionnelles existant entre les deux mini-régions haute et basse Normandie. Elles ne sont pas de même nature, encore moins de même intensité.

La Picardie, nous la concevions dans son ensemble (parce qu’elle est menacée d’éclatement), la Région Centre n’était réellement évoquée que par son département d’Eure – et – Loir et pour ce qui concerne les Pays de la Loire, tels qu’ils existent aujourd’hui avec la Loire – Atlantique, on doit se demander si ce département rejoignait la Bretagne, comme semblent le désirer les Bretons et une majorité d’habitants du département dont le chef-lieu est Nantes, quelle serait la réalité d’une région (Val de Loire ? Maine – Anjou – Touraine ?) dont le tropisme serait avant tout ligérien… Actuellement la métropole de Nantes exerce un véritable « leadership » sur l’ensemble, même si Le Mans, par exemple, se tourne de plus en plus vers Paris, à cause de la liaison structurante du T.G.V…
Quoi qu’il en soit – et le devenir de la région des Pays de la Loire pourrait se révéler flou – toute la partie méridionale de la Normandie est en contact direct avec les deux départements du Maine et l’on doit répondre à la proposition de certains qui, tel M. Joaquin Pueyo, maire d’Alençon, ont lancé l’idée d’une éventuelle fusion de la Normandie et du Maine (au cas où les Pays de la Loire disparaîtraient sous leur forme actuelle). Disons-le tout de suite que ce n’est qu’une hypothèse : la ministre de l’Ecologie, Madame Ségolène Royal, et M. Auxiette, président des actuels Pays de la Loire, viennent de proposer une fusion du Poitou-Charentes avec des Pays de la Loire… Rien n’est clair donc et ce n’est pas à nous, Normands, de nous prononcer sur la pertinence de certains rapprochements
Par voie de conséquences, nous n’évoquerons que les relations de la Normandie et du Maine.

Le Maine ? Un espace de transition entre la Normandie et la vallée de la Loire et entre le Bassin Parisien et le Massif Armoricain
Le Maine a une riche personnalité, mais elle est à facettes. Jadis tiraillée entre le comté d’Anjou et « la » duché de Normandie qui, tous deux, guignaient le contrôle de l’évêché du Mans, cette province tire son identité de n’être ni angevine, ni normande, encore moins bretonne ou blésoise… Il y eut toujours des seigneurs manceaux favorables aux Angevins, d’autres recherchant la protection du Duc de Normandie, surtout lorsque celui-ci, devenu Roi d’Angleterre, permettait à certains d’être bien fieffés dans la Grande Ile.
La parenthèse de la période Plantagenêt – elle n’a duré finalement que soixante ans – avait complètement intégré le Maine dans un « empire » allant de la frontière d’Ecosse jusqu’aux Pyrénées, et la Cour d’Henri II et d’Aliénor d’Aquitaine siégeait alternativement au cœur du dispositif (Argentan – Alençon – Domfront – Le Mans…) et cette position centrale et bénéfique a laissé des traces sublimes comme la Cathédrale du Mans – qui ne le cède en rien aux cathédrales normandes -, les châteaux – forteresses et maintes ruines médiévales qui font du Maine un territoire d’exploration d’exception pour touristes peu pressés.
Le legs de l’histoire ne s’arrête pas là : la Guerre de Cent Ans qui fit du Maine, dans la première moitié du XVe siècle, une zone d’affrontement entre partisans du Dauphin Charles, repliés sur la Loire, et les forces anglo-normandes du Duc de Bedford qui aurait souhaité que la Normandie redevînt un boulevard de l’empire Plantagenêt dans un royaume de France qu’il contrôlait mal, creusa les différences. Il en advint la création de l’Université de Caen qui, jusqu’aux années soixante du XXe siècle, étendait son influence sur la Sarthe jusqu’à l’autonomie de l’Université du Mans.

Autre épisode commun aux Bocages normand et manceau : la chouannerie et les « insurrections normandes » de notre Frotté. Sans en débattre sur les causes, certainement identiques en Normandie et dans le Maine, disons simplement que la configuration du terrain s’y prêtait. Ce qui nous amène à faire remarquer que la véritable limite entre ces deux provinces résidait dans la barrière forestière qui existe toujours du Perche au Mortainais.
Barrière hier, espace commun aujourd’hui qui se concrétise dans le Parc Naturel Régional Normandie-Maine (la maison du parc se situe à Carrouges).
Certes, il y a une même ruralité, mais, outre que le Bassin Laitier Normand s’individualise depuis peu et que s’opposent, d’un côté, une industrie laitière dynamique (le groupe Besnier à Laval) et, de l’autre, des spéculations jalouses de leurs A.O.C. (Calvados et poiré du Domfrontais, par exemple), on doit reconnaître une certaine similitude des agricultures mancelle et normande, fondée sur l’élevage, le lait, le verger…           
Alors qu’en 1968 et 1969, lors de la campagne du referendum proposé par le Général De Gaulle et dont l’issue fut négative, des voix mancelles évoquèrent l’idée d’un rattachement de la Sarthe et de la Mayenne à une Normandie attractive, les temps ont bien changé. La cause en est la trop longue palinodie pour la réalisation de l’autoroute A 28 dans sa partie normande et,  surtout, une irrésistible attraction vers Paris et la Bretagne (ligne T.G.V. – autoroute A 11) : le Maine aujourd’hui – région des Pays de la Loire ou pas – se situe davantage sur une diagonale Est – Ouest plutôt que sur un axe Nord – Sud.
Les coopérations interrégionales peuvent et doivent être recherchées entre le Maine et la Normandie, mais les convergences fusionnelles ne sont pas suffisantes. Les Manceaux ne les demandent pas et les Normands n’ont aucune revendication  rattachiste, même si des communes autour de Fresnay-sur-Sarthe se prétendent avec juste raison faire partie d’un « Maine normand », aux contours mal définis…
Qu’Alençon veuille travailler davantage avec Le Mans se comprend, mais est-ce que le seul critère économique justifierait une éventuelle fusion avec la Sarthe ? Quid de la Mayenne, plus tournée maintenant vers Nantes et Rennes ?
Le Mouvement Normand entend, là aussi, respecter l’unité, l’intégrité et la spécificité du Maine ( et, bien entendu, de la Normandie). La réunification de la Normandie reste notre exigence première dans la perspective de la réforme territoriale préconisée par le Gouvernement.
 
Didier PATTE

La Rédaction