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Le gâchis

Mercredi 12 Mai 2021

​Communiqué du Réseau citoyen du Cercle Normand de l'Opinion



C’est avec tristesse que nous, Normands, devons considérer le désastre des relations entre les autorités de Jersey et les instances de la Région normande et du département de la Manche. Le conflit de la pêche – nous y reviendrons – , quelle que soit son ampleur, ne devrait pas entraîner la fermeture de la Maison de la Normandie à Saint-Hélier… pas plus que les démonstrations de forces navales de la Navy et de la Royale ne se justifient. Il n’y a que les tabloïds anglais pour vouloir jeter de l’huile sur le feu. Et l’on sait quelle crédibilité il faut accorder à cette presse de caniveau.

Pour comprendre cette affaire, il faut d’abord tenir compte des rituelles et annuelles luttes homériques entre pêcheurs normands, pêcheurs des Iles (Jersey et Guernesey, qui ont souvent des approches différentes entre elles) et, accessoirement, pêcheurs bretons qui, tous, veulent exploiter les eaux poissonneuses de la Baie de Granville, tout particulièrement les entours des Iles normandes. Une collection d’articles de presse de toutes les décennies passées montre que ces conflits d’usage sont récurrents et qu’ils s’apaisent un temps pour renaître plus tard.
Le Traité de la baie de Granville, il y a quelques années, a notoirement calmé le jeu… au bénéfice de toutes les parties. Mais il y a eu le Brexit. A priori, les choses auraient pu aller bon train puisque les Iles anglo-normandes, ne faisant pas partie de l’Union Européenne, n’étaient pas directement concernées par les évolutions de la pêche européenne (l’accès aux eaux britanniques faisant l’objet d’un marchandage assez sordide).
C’était sans compter avec la volonté du Gouvernement britannique de se doter de pouvoirs accrus en matière régalienne sur toutes les possessions de la Couronne. C’est ainsi qu’en juin 2020, Boris Johnson fit pression sur les États de Jersey et Guernesey pour raffermir l’emprise diplomatique du Gouvernement de Sa Majesté, seigneur des Iles, et ainsi, se mêla des conflits de la pêche dans la baie de Granville. Malgré les efforts de M. Ian Gorst, « Ministre des Affaires étrangères de Jersey », qui a toujours souhaité que les conflits de pêche restassent du domaine des relations de voisinage entre Normands, le Foreign Office, d’abord, Mme Girardin, Ministre de la Mer, ensuite, se sont saisis de l’affaire et… enveniment le problème dans un ridicule « crunch » franco-anglais. Quant à l’Europe, elle est aux abonnés absents, notamment lorsqu’il s’agit de réguler les formes de pêche. Car, il faut savoir que la plus grande menace sur la pêche artisanale locale réside dans l’apparition en Manche des super-chalutiers néerlandais (en attendant d’autres intervenants) qui épuisent sans vergogne la ressource.

Que faut-il faire ? Calmer le jeu. Ne pas laisser les excités comme Don Thompson, directeur du Comité des Pêches de Jersey, ou John Young, Ministre de l’Environnement de Bojo, faire de la démagogie. Soutenir les raisonnables comme Dimitri Rogoff, Président du Comité des pêches de Normandie, qui lutte pied à pied pour le respect du Traité de la Baie de Granville… Le conflit des pêcheurs s’apaisera.
Mais il faut aller plus loin : même si la diplomatie doit rester une prérogative régalienne de l’État, la Région doit développer des relations directes avec les Comtés Sud de l’Angleterre, être représentée à Londres. Il ne s’agit pas de concurrencer l’État, mais de constater que le Préfet de la Région Normandie n’a plus de conseiller diplomatique : pour une Région d’échanges, c’est… dommage !


Cercle C.N.O. de Bayeux, le 12 mai 2021



La Rédaction