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L’iconoclasme déphasé

Vendredi 26 Juin 2020

​Communiqué du Réseau citoyen du Cercle Normand de l'Opinion



« Ils » viennent de badigeonner la statue équestre de Napoléon sur la place de l’Hôtel de Ville, à Rouen, après avoir peinturluré le buste de Christophe Colomb sur le pont Boïeldieu… Hier, d’autres redresseurs de torts historiques autoproclamés avaient déboulonné la statue du Général De Gaulle, à Evreux, et, avant-hier, les fondus de la bombe de peinture, là encore, de l’Hôtel de ville de Rouen (les mêmes, peut-être ?) avaient exercé leur talent pictural sur la statue de Rollon récemment restaurée… Passons sur les slogans ineptes qui « illustrent » ces exploits et, rappelons pour mémoire, que la IIIe République n’avait pas cru devoir se défaire de la statue de l’Empereur, du sculpteur Gabriel-Vital Dubray, érigée en 1865 sous le règne de Napoléon III. De même, Hitler n’avait pas fait fondre cet ensemble de bronze provenant des canons pris à Austerlitz, alors qu’il s’était déchaîné à l’encontre de la majorité de la statuaire monumentale métallique. Nos révisionnistes de l’histoire d’aujourd’hui vont plus loin, inspirés sans douter par l’iconoclasme des Nazis qui brûlaient les livres et détruisaient les œuvres artistiques qui ne leur plaisaient pas.
On peut aller très loin dans la dénonciation sans risques des personnalités d’hier qui ne répondent pas aux foucades des censeurs d’aujourd’hui. Flaubert – dont on va commémorer le 2e centenaire de la naissance – doit numéroter ses abattis, lui qui a écrit des pages acerbes sur les populations du Maghreb et Pierre Corneille, lui-même, avec sa tirade du Cid, n’a-t-il pas exalté la Reconquista ? En cherchant bien, il doit être aisé de porter des jugements a posteriori définitifs sur nombre de nos écrivains ! Quant aux militaires… Prenons le cas du Général Archinard, du Havre, qui fit la conquête du Soudan (le Mali actuel), délivrant au passage les populations noires de la Boucle du Niger de la tyrannie du cruel potentat Samory, qui les mettait en esclavage… Va-t-on vandaliser son monument funéraire ?
Va-t-on « débaptiser » (terme totalement inapproprié, il n’y a que l’Église qui peut débaptiser) le Pont Colbert, à Dieppe, que des défenseurs du patrimoine ont préservé de la fureur destructrice d’un certain Le Vern ?

Quoi qu’ils disent, quoi qu’ils fassent, les déboulonneurs et autres vandales ne peuvent échapper à l’accusation dirimante de l’anachronisme (le plus grand péché de l’historien) et à la dérision de devoir assumer l’ignorance dont ils font preuve dans leurs affirmations à l’emporte-pièce.
L’iconoclasme n’est pas une nouveauté dans notre histoire : les Huguenots (ils le regrettent maintenant) ont mutilé maintes statues de saints dans nos églises, les sans-culottes ont décapité les statues des Rois de la Bible dans leur délire républicain… Le vandalisme n’est pas une innovation, pas plus qu’une relecture partiale et partielle de l’histoire n’est un progrès de l’esprit.
La seule position qui vaille, c’est d’assumer toute l’histoire et il faut en accepter l’héritage, sinon ce sont les remugles de la guerre civile permanente.
Pour terminer sur une note plus gaie : vu dans les réseaux sociaux, la demande sérieuse (sic !) d’indemnisation exigée par des habitants de l’actuelle Normandie auprès des États scandinaves coupables d’avoir pillé et colonisé avec leurs Vikings la Neustrie carolingienne…

C.N.O. de Rouen, le 25 juin 2020


La Rédaction