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L’appel de la transcendance et l’immanence de l’héritage patrimonial

Vendredi 26 Avril 2019

Communiqué du Réseau citoyen du Cercle Normand de l'Opinion



Le terrible incendie qui a décrit en partie Notre-Dame de Paris n’est pas seulement une catastrophe matérielle mutilant une œuvre d’art : il a – tel un symbole – suscité une légitime émotion dans l’esprit de tous ceux qui, en notre nation et dans le monde, voient dans cette cathédrale un acte de foi pour tous les chrétiens, une idée de la beauté et de la France pour les autres, qu’ils soient spiritualistes ou athées, pour tous une présence tutélaire. Il n’est donc pas étonnant qu’un élan de générosité rassemble les fonds nécessaires à sa reconstruction. C’est même réconfortant.
Les polémiques autour des « dons des riches qui feraient mieux de partager leurs fortunes au profit des déshérités, voire des migrants » sont incongrues et le parallèle entre « le tas de pierres à relever » et l’état de misère qu’il faudrait combattre relève du sophisme et d’un moralisme douteux. Chacun donne ce qu’il croit devoir donner et… c’est un don !
D’autres polémiques surgissent alors que le brasier est à peine éteint : comment faudra-t-il reconstruire Notre-Dame ? Trois thèses s’affrontent. La plus… identitaire, reconstruire à l’identique. La plus… moderniste, laisser libre cours à l’inventivité des architectes contemporains. La plus… subtile (attention ! Ce mot n’est peut-être pas aussi laudatif qu’on ne le croit), qui consiste à reconstruire en respectant la silhouette et les volumes intérieurs, mais avec des matériaux de notre temps (béton ou bois lamellé-collé pour la charpente, titane pour le toit, la flèche étant plus… métallique que celle du XIXe siècle de Viollet-le-Duc). Chacun peut avoir ses préférences : évitons cependant les engouements de la précipitation et les foucades intéressées des lobbies à l’affût.
La Normandie se sent concernée par le sort de Notre-Dame de Paris : cela ne s’explique pas, cela se ressent. Un point, c’est tout.      
Mais la Normandie se souvient aussi de ses cathédrales mutilées par la dernière guerre : Rouen, Evreux, Lisieux, Coutances… et de toutes ses églises détruites partiellement ou complètement… et de tous nos bâtiments civils anéantis par les bombardements. La détresse des paroissiens de Notre-Dame, le désarroi des populations urbaines dans les décombres de leurs quartiers écrasés, les Normands les ont connus. Le patrimoine normand à restaurer et entretenir doit être une préoccupation de tous les instants : ce ne sont pas que des biens matériels, mais une part presque sacrée de notre héritage, de ce que nous sommes, de ce qui nous unit…      Le Figaro du 25 avril énonce qu’il y a 3 099 édifices religieux en mauvais état en Normandie : 2 825 qui nécessitent des travaux d’entretien, 169 qui demandent de gros travaux, 105, hélas, qui sont en ruine…
La conclusion s’impose : oui, il faut contribuer à la reconstruction de Notre-Dame de Paris, mais il faut en même temps donner pour le patrimoine normand. Il paraît que la souscription pour Notre-Dame est largement couverte. Tant mieux ! Mais que ce soit aussi l’occasion d’impulser un élan pérenne pour la préservation des œuvres architecturales normandes.

La Mailleraye-sur-Seine, le 26 avril 2019
C.N.O.


La Rédaction