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À quoi jouent Lactalis et d’autres industriels du lait ?

Mercredi 14 Avril 2021

​Communiqué du Réseau citoyen du Cercle Normand de l'Opinion



À quoi jouent Lactalis et d’autres industriels du lait ?

Lactalis, géant mondial du lait, vient de remporter une importante victoire judiciaire : le Conseil d’État a reconnu la suppression de l’obligation jusqu’alors légale de mentionner l’origine géographique du lait, entérinant en fait une décision de la Cour de justice de l’Union européenne. Cette soumission de la plus haute instance judiciaire française à cet organe européen est en elle-même un scandale puisqu’elle remet en cause la souveraineté de la France, mais, de plus, par ses conséquences, elle risque à terme de supprimer toutes les I.G.P. dès qu’un lobby assez puissant fera appel à cette juridiction que l’État français, passant outre ses obligations régaliennes, a concédée à un aréopage non élu démocratiquement…
Revenons au problème du lait.

Qui peut prétendre, sinon des technocrates ignorants, fussent-ils des juges patentés, que tous les laits se ressemblent et possèdent, par exemple, la même valeur butyrique ? Allons même plus loin : les laits provenant d’une même race de vaches, produits dans un terroir bien défini, ne sont pas identiques selon les saisons. Ont-ils les mêmes qualités lorsque les bêtes sont à l’herbe ou quand elles vivent dans les étables des « usines à lait » ? Car le problème est là : en France, on connaît peu les « fermes aux mille vaches » (non seulement les éleveurs, dans leur très grande majorité, les récusent, mais aussi les consommateurs auxquels, d’ailleurs, les industriels du lait ne demandent pas leur avis), à l’inverse, rien qu’en Europe, aux Pays-Bas, en Allemagne, en Pologne, ce type d’élevage intensif fait florès… et tirent les prix vers le bas.
En obtenant satisfaction de la part du Conseil d’État, Lactalis se donne le droit d’importer le lait de ces « usines à lait » européennes ou de Nouvelle-Zélande. C’est la ruine annoncée des élevages traditionnels français.

La Normandie, bien entendu, est directement concernée. La condition des éleveurs est déjà précarisée par la pression des industriels du lait qui paient le lait collecté au minimum minimorum, voire à perte pour l’éleveur : s’ils peuvent s’approvisionner n’importe où, déniant la qualité intrinsèque du lait devenu un produit standardisé… et insipide, alors le devenir de l’élevage normand est sombre. D’autant plus que le vieillissement des chefs d’exploitation laitière devient inquiétant (la moitié des producteurs laitiers prendra sa retraite d’ici 2030). C’est toute une économie rurale, mais aussi un paysage, qui vont être bouleversés.

En fait, derrière tout cela, c’est la revanche de Lactalis qui ne s’en remet pas de la décision de l’I.N.A.O. d’interdire l’appellation fallacieuse de « Camembert fabriqué en Normandie ». Le « Véritable Camembert de Normandie » suppose, dans le cahier des charges de son A.O.C., l’utilisation à au moins 60 % du lait des vaches de race normande et l’obligation d’un pacage à l’herbe, c’est-à-dire un terroir bocager normand (l’origine géographique est dès lors évidente)… Lactalis, vexé et vengeur, se paie de pleines pages de publicité dans les journaux avec ses camemberts « fabriqués dans l’Orne », singulière contradiction avec le sens le sens de sa victoire devant le Conseil d’État.
Si des Elus normands (de toutes tendances) s’en émeuvent, il est… étonnant que le Gouvernement ne réagisse pas.
Soumission quand tu nous tiens…

Cercle C.N.O. de Lisieux – 15 avril 2021

 



La Rédaction